Ces mains s’attardent beaucoup trop,
Parmi les branches, les rameaux,
Rêche toison des végétaux,
Et dans l’empyrée des drapeaux,
Sans cesse à traîner tout là-haut.
Pour faire quoi ? C’est la question…
Peut-être, à la morte saison,
Un jour elles redescendront
Et une couronne tiendront,
Eclatante de blancs rayons…
Une couronne, une couronne…
Pour couronner quelle personne ?
Cessez donc, car, je le soupçonne,
Le prestige est une maldonne
Et les lauriers nous empoisonnent !
Delà les bannières sacrées
Et le noir tissu des ramées,
Mes mains palpent d’autres croisées,
Plus haut, beaucoup plus haut placées,
Ces deux miennes mains attardées.
Les ramenant à moi enfin,
J’entends dire tout un chacun :
« Ah !... Vous étiez si haut, si loin !… »
Et les gens lèvent vers ces mains
Œils de renards et dents de chiens.
Magda Isanos (1916-1944)