Plus le soir tombait sur les arbres silencieux,
Et plus fort scintillaient, brûlants comme des poêles,
Nos cœurs de vagabonds cherchant l’éclat précieux
D’une pierre philosophale.
Tout devait se changer en or, sans exception :
Tes mots, tes regards, et l’air en ébullition
Où fiévreusement nous flottions.
Les instants s’ouvraient grands comme en plaine les lacs,
Et nous en traversions toute la ribambelle.
Trois nuages lilas déployaient leur hamac.
Nos âmes… tu te les rappelles ?
Nichita Stănescu (1933-1983)