Je t’attendrai n’importe quand
Un jour une nuit à l’aurore
Pour voir si quelque chose encore
Peut m’échauffer l’âme et le sang
Ah comme jadis longer l’eau
Où se miraient nos silhouettes
Et entendre pleurer la chouette
Dans les ruines à nouveau
Par la suite il sera trop tard
frappé d’une amnésie profonde
Je ne verrai plus dans le monde
Qu’un phénomène du hasard
Parfois mon œil apercevra
Le mot amour au creux d’un livre
Parfois peut-être une abeille ivre
A ma psyché se heurtera
Sanglotant dans le jour naissant
Créature vaine et geignarde
Je singerai les anciens bardes
Et leurs chagrins incandescents
Un freux viendra mourir d’ennui
Devant ma porte sur la neige
La ville jouera des arpèges
De pianolas toute la nuit
A moins que le vin et le blé
Ne dansent au front de l’automne
En sorte que demain personne
Ne puisse plus nous ressembler
George Bacovia (1881-1957)