Tu m’offris le parfum doux que ta bouche exhale,
Et nos lèvres à vif âprement se froissaient,
Cependant que brillait dans ton bel œil de jais
L’urgente tentation des voluptés fatales.
Dans le vertige fou des étreintes brutales,
Moi je me découvris soudain plus pur, plus frais,
Car tes seins au profond de mon torse infusaient
Un velours opalin et tendre de pétales.
Si tu vois mes regards divaguer, toutefois,
Flotter sur l’horizon, semblant chercher, pantois,
Un supplément de bleu dans les lointains sublimes,
C’est que j’aime à sentir, quand je suis près de toi,
Mon âme, débordant de ces amours ultimes,
Entonner l'hymne ancien de mes premiers émois.
Marcel Romanescu (1897-1956)