Mon cœur est comme un nid sapé dans la falaise,
Un nid où sont venus se poser tour à tour
La colombe opaline et l’affamé vautour,
Le soleil, le vent, un grand silence d’ascèse.
Mais soudain il me faut balayer la poussière,
Tous les menus soucis qui ont fait sédiment…
Attendrait-il quelqu’un, ce cœur, étourdiment,
Qui veut que je nettoie à nouveau sa tanière ?
Ô nid, je te garnis de feuillées pêle-mêle,
Et de ciel azuré te ravive à pleins seaux,
Puis je rabats le doux mystère des rideaux
Sur le charme discret de l’énigme nouvelle.
Et ainsi, à couvert du vent, dessous l’ombrage,
Mon cœur s’ouvre tout grand, refuge hospitalier
Attendant le terreau noir du rêve dernier
Que viendront déposer les oiseaux de passage.
Claudia Millian-Minulescu (1887-1961)