Ruines

Je veux la solitude infecte des venelles
Qui retrouvent la nuit leur silence olympien,
Quand la brume s’agrippe aux logis plébéiens
Et qu’aux lueurs du gaz chaque flaque étincelle.

Je veux aussi ce soir où mon sang tremble et gèle,
Où tristement mon cœur ne se rappelle rien,
Chercher l’enfant vivant, dans les débris anciens,
Qui sait rire au nez des douleurs les plus cruelles.

Je veux le serrer fort contre moi, ce joyau,
L’arracher à la mort par des baisers nuptiaux,
Et me perdre avec lui au fond des rues obscures.

En contemplant l’or clair de l’asphalte trempé, –
Des rêves plein les yeux, aux lèvres des murmures, –
Je referai mon temple en ce miroir secret.

Marcel Romanescu (1897-1956)