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Le Jassyote

Roumanie - Poésie - Art - Littérature - Erotisme

Une épître

Publié le 5 Avril 2018 in Poésie

Ma cellule de fer… Parfum de solitude,
Où soudain s’élève une voix
En sourdine qui suit le rythme maladroit
De longs et lents accords jetés par habitude
Sur les touches d’un piano droit.

Tout le monde dort à présent, et je frissonne
Dans un silence abrupt de village désert.
Je ne sais pas pourquoi j’écoute ce concert.
Nul ne m’a appelé, personne.

Le voisin s’est blotti dans sa boîte carrée,
Dépeuplant la terre d’un coup.
Tout est sec et muet, la ténèbre est partout.
C’est vrai, l’heure est très avancée…

Je m’endors, seule bat quelque pendule obscure
Quand nos âmes errent ailleurs,
Nous abandonnant nus sur des lits inférieurs,
Comme des morts sans sépulture.

Quelqu’un m’a appelé… Qui donc ?
Qui donc a crié mon prénom ?

Les mots tout comme nous renferment des fantômes,
Puisque nul n’a ouvert la bouche,
Et que, sortie de rien, j’ai perçu cette voix
Me répétant tout bas ce que tu me dis, toi,
Chaque fois qu’ensemble nous sommes…

Les mots renferment des fantômes, des esprits…

Demostene Botez (1893-1973)

 

 

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