Les orages du sang, qui ne les a connus,
Qui n’a senti couler le feu dans ses artères
Ne devinera pas, à mon sourcil chenu,
Ce que je cèle là derrière.
Morte semble flotter l’eau tranquille elle aussi,
Mais l’intrépide esprit, l’œil hardi qui pénètre,
Déchiffrent le bouillant et prodigieux lacis
Où s’entremêlent tous les êtres.
O, sœur, voici la nuit attendue si longtemps.
Ne lésinons plus sur les offrandes charnelles !
Qu’une âpre volupté nous arrache hors du temps
Pour nous ensevelir en elle !
Alexandru Macedonski (1854-1920)