Chaque soir deux belles Oltènes
Ferment leur porte à double tour
Et près de l’âtre font l’amour
Sur de moelleux tapis de laine
L’une est femme de capitaine
Mais son époux quoique viril
Est parti à la mi-avril
Mener quelque guerre lointaine
L’autre a des paniques de daine
Quand un garçon lui fait la cour
Beaucoup lui ont tourné autour
Sans que d’aucun elle s’éprenne
Puisant ensemble à la fontaine
Ensemble ramassant le bois
Elles se quittent quelquefois
Pour quelques minutes à peine
Elles n’ont bien sûr nulle haine
Pour le mâle il ne leur est rien
Même ses airs jupitériens
Laissent le sang froid dans leurs veines
Chaque soir deux belles Oltènes
Ferment leur porte à double tour
Et près de l’âtre font l’amour
Tandis qu’il neige sur la plaine
Au vu de tous elles réfrènent
Les élans de leurs corps fervents
Et tiennent fort jalousement
Secrète leur passion païenne
Elle leur est venue soudaine
Fulgurante comme un éclair
Fraîche comme une bouffée d’air
Et depuis elles s’appartiennent
La cadette aux cheveux d’ébène
Que ce soit l’hiver ou l’été
N’aime rien tant que suçoter
Les seins de son amie châtaine
L’aînée lui passe ces fredaines
Et caressant sa peau de lait
Lui fait des choses que jamais
Elle ne fit au capitaine
Chaque soir deux belles Oltènes
Ferment leur porte à double tour
Et près de l’âtre font l’amour
Toute la nuit à perdre haleine