Une nuit que j’étais plus pur de corps et d’âme
C’est si loin je te vis en rêve te dresser
Et t’ouvrir ô ma fleur sans craindre le péché
Une nuit que j’étais plus pur de corps et d’âme
Ne sachant rien alors des hommes ni des femmes
Je vins à toi timide et me suis vu couché
Devinant tes sanglots sans bruit à mes côtés
Une nuit que j’étais plus pur de corps et d’âme
Cette heure d’outre-temps où s’est-elle envolée
Nos corps connaissent bien à présent le parfum
Des fruits de ce jardin et savent qu’à la fin
Ils pourriront tout seuls au milieu de l’allée
O pitié pour l’humaine bête inconsolée
A qui un dieu cruel sous l’arbre donna faim
Pitié pour l’être nu pour le presque défunt
Grossière chair trop tôt par la terre avalée
Cezar Ivănescu (1941-2008)