C’est une prison, c’est l’éther d’un chant ;
Quand flâne au soleil la terre superbe,
Mon esprit se blesse aux cloisons du verbe,
Et bave une écume en se desséchant.
Près ou loin – le même monde attachant
Ses bois couchés de violon en gerbes,
Avec, au surplomb de nos cœurs acerbes,
Ce grand rêve à pic trouant le couchant.
Et cette dentelle à la voix exquise !
Ces visages : deux, pour un seul regard
Qui, dans le sommeil, ronfle et prophétise !…
Meurent les saisons ! Moi, je viens trop tard
Pour lamper encor le sang des cerises,
Mais tes blancs éclairs ravivent le soir.
Ilarie Voronca (1903-1946)