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Le Jassyote

Roumanie - Poésie - Art - Littérature - Erotisme

L'amour depuis zéro

Publié le 21 Novembre 2018 in Flâneries érotiques

Ah ! retrouver l’ardeur première
     Du brasero…
L’amour, on devrait le refaire,
     Depuis zéro !

Il suffirait que l’on revienne
     Au bon vieux temps
Où s’ouvrait la petite graine
     De nos dix ans.

Nous étions ensemble en vacances,
     Sous le couvert
D’un arbre, et soudain seuls, je pense,
     Dans l’univers.

C’était l’été de la rencontre,
     L’été fiévreux,
Et nous l’avons passé l’un contre
     L’autre, amoureux.

J’aimai aussitôt les brindilles
     Dans tes cheveux
Et ta sage mise de fille
     Avec un nœud.

Tu m’offris du sirop de pêche
     Le lendemain,
En réclamant que je le lèche
     Dedans ta main.

Puis, soulevant ta jupe beige,
     Tu produisis
Tout un paysage de neige –
     Et j’ai rosi.

C’était l’âge des découvertes ;
     Te souviens-tu
De notre grand lit d’herbes vertes
     Et de fétus ?

Tu mis un bout de langue rose
     Dans mon nombril,
Mais à condition que j’expose
     Mon colibri.

Alors, je te pris la menotte,
     Pour la mener
Là où dormait, dans ma culotte,
     Le bâtonnet.

Tu déposas ta bave grise
     Sur le pourtour,
Et nous fîmes d’autres bêtises,
     Chacun son tour.

C’était le jardin des délices ;
     Nous nous passions
De bouche à bouche la réglisse
     Dans les buissons.

Quand tu m’exhibas le mystère
     De ton pubis,
Je le revêtis d’un parterre
     De myosotis.

Ta fesse fut un coquillage
     Tout velouté,
Où je vins poser mon visage
     Pour écouter.

Nos mains avaient tant de surfaces
     A caresser ;
Nos lèvres jouaient les limaces
     Sans se presser.

C’était le temps des déchirures
     A ton maillot ;
Je suçais toutes tes blessures
     Tous tes sanglots.

Nous étions, parmi les tulipes,
     Deux bons docteurs ;
Tu me guérissais de la grippe,
     Et moi du cœur.

Su ton joli corps impubère,
     Je m’étendis
Tout nu, durant une heure entière,
     Un peu surpris

De ne pas voir un bébé naître
     De nos amours ;
Mais on réessaierait peut-être
     Un autre jour.

En un pays où le ciel vibre,
     Où tout verdit,
C’était l’été des enfants libres :
     Le paradis.

On avait bien le temps d’apprendre
     A faire marcher
Tous ces machins roses et tendres
     Qu’il faut cacher.

On avait toute l’existence,
     L’éternité,
Pour ne pas oublier l’enfance
     Et notre été.

Ah ! retrouver l’ardeur première
     Du brasero…
L’amour, on devrait le refaire,
     Depuis zéro !

 

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