Ah ! retrouver l’ardeur première
Du brasero…
L’amour, on devrait le refaire,
Depuis zéro !
Il suffirait que l’on revienne
Au bon vieux temps
Où s’ouvrait la petite graine
De nos dix ans.
Nous étions ensemble en vacances,
Sous le couvert
D’un arbre, et soudain seuls, je pense,
Dans l’univers.
C’était l’été de la rencontre,
L’été fiévreux,
Et nous l’avons passé l’un contre
L’autre, amoureux.
J’aimai aussitôt les brindilles
Dans tes cheveux
Et ta sage mise de fille
Avec un nœud.
Tu m’offris du sirop de pêche
Le lendemain,
En réclamant que je le lèche
Dedans ta main.
Puis, soulevant ta jupe beige,
Tu produisis
Tout un paysage de neige –
Et j’ai rosi.
C’était l’âge des découvertes ;
Te souviens-tu
De notre grand lit d’herbes vertes
Et de fétus ?
Tu mis un bout de langue rose
Dans mon nombril,
Mais à condition que j’expose
Mon colibri.
Alors, je te pris la menotte,
Pour la mener
Là où dormait, dans ma culotte,
Le bâtonnet.
Tu déposas ta bave grise
Sur le pourtour,
Et nous fîmes d’autres bêtises,
Chacun son tour.
C’était le jardin des délices ;
Nous nous passions
De bouche à bouche la réglisse
Dans les buissons.
Quand tu m’exhibas le mystère
De ton pubis,
Je le revêtis d’un parterre
De myosotis.
Ta fesse fut un coquillage
Tout velouté,
Où je vins poser mon visage
Pour écouter.
Nos mains avaient tant de surfaces
A caresser ;
Nos lèvres jouaient les limaces
Sans se presser.
C’était le temps des déchirures
A ton maillot ;
Je suçais toutes tes blessures
Tous tes sanglots.
Nous étions, parmi les tulipes,
Deux bons docteurs ;
Tu me guérissais de la grippe,
Et moi du cœur.
Su ton joli corps impubère,
Je m’étendis
Tout nu, durant une heure entière,
Un peu surpris
De ne pas voir un bébé naître
De nos amours ;
Mais on réessaierait peut-être
Un autre jour.
En un pays où le ciel vibre,
Où tout verdit,
C’était l’été des enfants libres :
Le paradis.
On avait bien le temps d’apprendre
A faire marcher
Tous ces machins roses et tendres
Qu’il faut cacher.
On avait toute l’existence,
L’éternité,
Pour ne pas oublier l’enfance
Et notre été.
Ah ! retrouver l’ardeur première
Du brasero…
L’amour, on devrait le refaire,
Depuis zéro !