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La première nuit je t’écouterai
Exhaler tes pleurs, tes éclats de rire,
Ta voix quand d’amour elle se déchire,
L’écho de ton cœur, tes cris apeurés,
Je boirai tes sons ainsi qu’un vampire ;
La première nuit je t’écouterai
Chanter et gémir et expectorer.
La deuxième nuit pour te regarder
Et pour étudier toutes tes coutures ;
Je veux voir tes poils, tes pieds, ta denture,
Le grain de ta peau, tel un obsédé,
Bref : tous tes atours, ta lumière pure ;
La deuxième nuit pour te regarder,
Te prendre à foison sous mon œil dardé.
La troisième nuit je veux te sentir,
Respirer profond l’air que tu dégages ;
Sens-tu le crocus ou l’œillet sauvage ?
Malgré tes refus, malgré tes soupirs,
Je mettrai le nez dans tes marécages ;
La troisième nuit je veux te sentir,
Humer tes fumets pour mon bon plaisir.
La nuit quatrième est pour te toucher ;
Fermeté, grenu, chaleur et souplesse,
D’un doigt nonchalant, d’une main qui fesse,
Je pèserai tout sur mon trébuchet ;
Tu subiras les plus rudes caresses ;
La nuit quatrième est pour te toucher
Et pétrir ta chair à l’effaroucher.
La dernière nuit je te mangerai ;
D’une dent gourmande, à plusieurs reprises,
A sang je mordrai ta bouche cerise
Et tes blanches miches de pain beurré ;
Afin d’attendrir tes fibres exquises,
La dernière nuit je te mangerai
Et ferai de toi mon mets préféré…