Dans cette maison s’étirèrent mes jours,
Doux et nonchalants, tels des poufs de velours,
Et sages ainsi qu’en ce temps-là les filles.
Sous son lumignon tout simple qui vacille,
La Vierge frissonne et se met à trembler.
O combien souvent tu lui as ressemblé,
Toi qui exauçais, heureuse, nos prières
Et ne t’étendais que bien nuit, la dernière !
Oui, je me souviens : ces recoins, ces portraits
Sont ceux près desquels, seule, je folâtrais
En silence, comme un petit chat sauvage.
Le rideau s’envole – oh ! lui aussi voyage.
Mes mains vont chercher, dans le coffre de bois
Qui trône dans l’angle, à jamais de guingois,
Les pommes d’hier, et peut-être surprendre
Une main d’antan, toute petite, tendre…
« Interior »
Magda Isanos (1916-1944)