En partant tu as laissé un grand vide autour de moi,
Un Sahara sans soleil, un calme qui m’horrifie…
Combien dérisoires sont nos belles philosophies
Quand l’aube même a perdu le rose au bout de ses doigts !
Tu fus ma seule richesse et le champ de mes pensées ;
Depuis que ta croix se tient là-bas debout dans le vent,
Je n’ose plus me compter parmi les hommes vivants –
Dieu ! qu’elle pèse la glèbe où la mort t’a enfoncée !
La Vieille au cœur de galet, dont nous sommes les pantins,
Ne voulait plus du beau lierre embrassé de nos destins,
Qu’elle a tranché d’un éclair aigu de sa faux immonde ;
Et si mes torrents de pleurs ont certes marqué le pas,
Je ressemble à un fantôme égaré dans l’ici-bas,
Car mon âme, nuit et jour, te cherche dans l’autre monde.
« De când te-ai dus, m-a năpădit pustiul »
Victor Eftimiu (1889-1972)