Le Jassyote

Elle resserre les ficelles Et me dit non, comme il se doit ; Juteuse à s’en lécher les doigts Mais le cœur tissu d’acier froid, C’est mon tortionnaire en dentelles ; Je ferais tout pour l’amour d’elle. Assise au-dessous ma bouche, Se refaisant le mascara,...

Cecilia Cuţescu-Storck (1879-1969)

Baise mes yeux lourds de sanglots Seule ta bouche est en mesure De me verser l’amour à flots Qui refermera mes blessures Baise mes lèvres ce museau Fermé à la moue assassine Il te sourira à nouveau Amoureux comme à l’origine Baise le brasier de mon front...

Laisse-moi mettre dans ta bouche Un doigt de nos jus mélangés Ouvre grand et ne t’effarouche Cette lichette est sans danger C’est de l’amour la quintessence Le distillat de nos corps sains Aussi tonique et aussi dense Qu’un lait qui viendrait de tes seins...

Dans cette maison s’étirèrent mes jours, Doux et nonchalants, tels des poufs de velours, Et sages ainsi qu’en ce temps-là les filles. Sous son lumignon tout simple qui vacille, La Vierge frissonne et se met à trembler. O combien souvent tu lui as ressemblé,...

Ta chatte ô corne d’abondance Ta chatte ô creuset d’enchanteur Ta chatte arche de notre alliance M’avale un doigt inquisiteur Laisse les pendre tes babines Clapote en frétillant du cul Cet enlèvement des Sabines On l’a déjà cent fois vécu Ta chatte salive...

Loin, loin d’ici – qui sait en quelle humide ville ? –, Un jour, fatalement, tu penseras à moi, Absente, en regardant les brumes qui défilent Dans le ciel saturnien de quelque humide ville, O inconnue au front pâle comme un matin, Avec tes yeux recrus...

Maria Ciurdea Steurer (1878-1967)

Tendu, te scrutant, attendant que tu bouges, Un frisson d’amour m’a fait me dévêtir Face à toi offerte en fenêtre de tir… Tendus, nos regards brûlent dans l’infrarouge En s’entrelaçant au-dessus du divan, Brillants comme au cœur des nuits chaudes d’avant…...

En partant tu as laissé un grand vide autour de moi, Un Sahara sans soleil, un calme qui m’horrifie… Combien dérisoires sont nos belles philosophies Quand l’aube même a perdu le rose au bout de ses doigts ! Tu fus ma seule richesse et le champ de mes...