Tout seul, tout seul, tout seul,A l’autre bout du monde –Même le patron dort,Les rues sont moribondes,Tout seul, tout seul, tout seul… Il pleut, il pleut, il pleut,Un temps de soûlerie –Et ce désert dehors,Quelle mélancolie !Il pleut, il pleut, il pleut…...
Il lui saisit, tendre, les seinsLourds, pleins et chauds, viola sa boucheD’un baiser – près d’eux des essaimsD’arbres tendaient la main aux mouchesDans le soir clair comme un divanCapitonné d’or et de vent… Ils se connurent aussitôtAu goût de leur chair,...
Puisque l’hiver est là, viens, portons au vieux lapidaire L’incendie de ton bustier, ton string, immédiatement, Et prions-le à genoux, avec des pleurs aux paupières, De les recouvrir d’or pur, de gemmes et de diamant ! Il faudra bien, mon amour, lui confier...
Tu agitas ton soutien-gorge sous mon nezPuis t’en allas. Tes seins demeurèrent un songePour mon pauvre cœur d’ange obèse et gominé. Apollinaire avait la liste (qui s’allonge)Des doux endroits que Lou et ses lèvres de lysOuvertes dissolvaient dans le tissu...
Quelles fiévreuses mains ont modelé un jourL’argile noir de jais de ce vase sans grâce,Plein de roses mourant, sans espoir, sans recours,Tout comme meurt en nous notre orageux amour ?L’argile noir de jais de ce vase sans grâceEvoque le tombeau et me remplit...
Au lieu d’or elle est de lumière rase.D’inquiétants griffons me l’ont mise en mains.Bois ! Tu connaîtras le bonheur, l’extase,Et des jours nombreux parmi les humains. Cachant au creux de ses éclairs topazeLe nectar aux cent mille lendemains,Au lieu d’or...
Loin je suis allé pour suivre la science.Le pays sensuel je l’avais quitté,Et s’ouvraient à moi des prairies immenses…Laissant l’homme en proie à l’humanité, J’entrevis partout la vie, les aurores,La lumière même où l’esprit n’atteint,Mais à quoi bon...
Les orages du sang, qui ne les a connus,Qui n’a senti couler le feu dans ses artèresNe devinera pas, à mon sourcil chenu, Ce que je cèle là derrière. Morte semble flotter l’eau tranquille elle aussi,Mais l’intrépide esprit, l’œil hardi qui pénètre,Déchiffrent...
Nos succès engrangés, tu reposes tes yeux, Marches plus lentement. Les sentiers prolifèrent Et, aux marges des prés, se rencontrent, radieux, Comme une immense roue éventrée de lumière. Nous approchons. L’air se fane, le soir descend Et fait jaillir des...
Nous allons vers celle qui bout de la rage de vivre,Afin d’adorer le noir basalte de sein dur ;Que soient oubliés le rêve et ses envols dans l’azur,Les chimères d’invention aux ailes pleines de givre ! Nous nous jetterons aux pieds de l’impudique Cybèle,Dont...
Il est des yeux profonds comme un péché,Cachant sous leurs cils, rideaux de ténèbres,Un rêve qui luit dans la nuit funèbreDe l’iris, rêve à jamais intaché. Il est des yeux dont la verte froideurGifle comme une vague d’émeraude,Avec pourtant en eux une...
Sur la croupe châtain des monts MaramureșOù des feuilles gisaient mortes sur chaque routeJ’ai ressenti au cœur la morsure du knoutEn te voyant couchée sur un lit de livèche Sur la croupe châtain des monts MaramureșQuand dans le blanc soleil tu t’es offerte...
Arbres lactescents, arbres noirsSe dressent nus et solitairesDécor de jardin funéraireArbres lactescents, arbres noirs Au parc les regrets prolifèrent… Plumes blanches zébrées de noirUn oiseau à la voix amèreTraverse le parc séculairePlumes blanches zébrées...
Chaque soir deux belles OltènesFerment leur porte à double tourEt près de l’âtre font l’amourSur de moelleux tapis de laine L’une est femme de capitaineMais son époux quoique virilEst parti à la mi-avrilMener quelque guerre lointaine L’autre a des paniques...
Nous guérissons, tout doucement, comme un sapin.Seuls au milieu des bois, nous pansons nos blessures.Rien n’arrête le sang. Par mille autres cheminsMontent l’ambre odorant et la résine obscure. Elle est de soie. C’est un nid, un drôle de trucPlein d’abeilles...
Car tu étais ô Roumanie une pastèqueEt moi fils du désert je me faisais couteauPour mieux te fendre en deux laper toutes tes eauxMordre dans la lumière atteindre à ton noyauAu soleil au corail de ta chair intrinsèque Car tes chansons ô Roumanie étaient...
Le fleuve lent de l’âge en nous trace sa voie.Je me laisse porter comme par un amant.Au fil des ans, tu me serres plus tendrementEntre ces bras dont je connais toutes les soies. La jeunesse, le feu, les accords qui flamboientSont de vieux souvenirs pour...
Dans le vieux parc CișmigiuQuelques enfants font les siouxLà même où tu mordis mes lèvresUn soir d’été un soir de fièvre Dans le vieux parc CișmigiuIl y a toujours trop de caillouxEt trop de détritus sur l’herbeOù j’entrevis tes seins superbes Dans le...
Souffle un étrange vent sur les jardins du monde,Et il ne m’a pas oubliée.Je croyais aux fruits mûrs, aux baies rouges et rondes,Aux choses accomplies, pliées, réconciliées. Séisme vie chaleur orage ébranlements...Le vent dégage les allées,Je crois en...
Qu’ai-je dit ? Presque rien. O, tant de sentimentSe perdant, de beauté vouée à disparaître !Jusqu’à l’atroce instant de quitter tous les êtres,J’écrirai sur l’amour infatigablement. Ce ne fut pas le chiot jappant aux pieds du maîtreQue notre amour : ce...
Sur le bleu du poêle en faïenceL’hiver soudain faisait silenceEt même la nuit s’endormaitCar je t’aimais et tu m’aimais Nous étions vêtus d’indécenceAu creux de tes vallées immensesLe jour ne se leva jamaisCar tu m’aimais et je t’aimais Tu avais les lèvres...
Tu te souviens du feu, des tourments printaniers,Séismes dévastant toute chose au passage ?Il nous faisait danser dans son creuset sauvage,Un jour furieux d’amour, le lendemain brouillés. Mais en ces temps déjà, même avant que l’orageNe se fût assagi...
Mousse d’ail ô mousse d’ailOù est passé le pilon ?J’ai ôté mon pantalonElle a gardé son chandail Mousse d’ail ô mousse d’ailJe suis un pauvre garçonJ’ai perdu mon caleçonElle s’est mise au travail Mousse d’ail ô mousse d’ailCette femme autoritaireA l’âme...
Une légende grecque énonce que la filleDu roi d’Argos vécut captive d’une tour.Celui-ci, pour ne pas qu’elle connût l’amour,Barricada sa chambre, en fit une Bastille. Mais le dieu l’aperçoit et son œil soudain brille.Par delà murs épais et rideaux de...
Bel épi de maïs, tout gonflé dans ma bouche,Cette sève, ce lait qui me coule au mentonTémoigne éloquemment de l’appétit faroucheQu’a fait naître en moi ta couronne de crins blonds. Dur épi de maïs, j’ai croqué dans ta tigeEt savouré le grain frémissant...