L’âme de la fleur fut ici naguère,
Elle nous répond et nous ment encor ;
Sa morte chanson s’agrippe à nos corps,
Au fil de laquelle, ivres, ils voguèrent.
Berçons le parfum des derniers accords
Qu’emporte le soir en fleuves grégaires ;
Mais d’or, de soleil, on n’en trouve guère
En ce bleuissant envers du décor.
Arôme ou refrain dans un coin de crâne…
Que brûlent les mots, hiver comme été,
Tout sera pourtant dit en filigrane !
Rêveurs, nous foulons l’herbe à satiété,
Bien qu’un clocher tinte entre nos membranes
Pour la pauvre fleur qui nous a quittés.
Ilarie Voronca (1903-1946)