La forêt empourprée

Je cherche le frais dans ces bois fleuris dont le parfum me saoule,
Loin de la ville scélérate et des stridences de la foule.

M’enveloppent les mailles d’or d’un filet tout frais sécrété,
Soleil aux javelots légers, magique splendeur de l’été.

Flamboient là des lèvres rubis où la reine-des-prés buissonne,
Tel un rêve souple endormi, ô la tentation en personne !

Trottinent mille pas fringants autour d’elle et sa nudité
Que parcourt un frisson soudain aux mots de fièvre chuchotés.

Perce l’ombrage l’œil de feu d’un peuple de sylvains, de faunes,
Et la brise ardente soupire en caressant le tronc des aulnes.

Gémissent au loin des oiseaux ainsi qu’au fond d’un souterrain,
Tandis que toute la forêt brûle d’un désir purpurin...

Constant Cantilli (1875-1949)