La forêt revêt une chasuble de miel
Chaque soir et son front corrompu se rallume
Astres hanaps dressés sur la table du ciel
Amphore voix des océans bavant d’écume
Tintent des carillons tout au fond des regards
La nuit éclate avec un fracas d’avalanche
On sarcle le jardin des murmures épars
Dans l’âme de petits rouages bleus s’enclenchent
Ton cœur galope en amazone à travers seins
Par les déserts les moineaux sont réduits en cendres
Monte un regret du frais des bois comme un tocsin
Dont l’écho fuit goutte à goutte et va se répandre
L’automne entre à tâtons les arbres ont souffert
Quelques nuages te font signe en altitude
Telle une louve une ombre rampe gris de fer
Ton œil a peur des ronces de la solitude
Ilarie Voronca (1903-1946)